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Start-up : 2 ans et 1 Covid plus tard
Créée le 07 janvier 2019, PHOENIX EQUIPEMENT fête ses deux ans, âge déterminant pour la survie d'une start-up (1 start-up sur 3 ne passe pas les 2 ans), dont près d’une année passée sous l’ombre du Coronavirus, poussant à décupler nos capacités avec notamment le développement bénévole de visières et d'un crochet d'hygiène retenus par les meilleures instances françaises ou étrangères tout en menant de front d'autres sujets.
Pour tous ceux qui nous suivent depuis les débuts de l'aventure dans le "garatelier" comme depuis nos récents engagements solidaires, pour tous nos clients dont les derniers ont du essuyer des retards conséquents, pour ceux qui soutiennent notre projet à divers niveaux, il est temps de revenir ensemble sur ces deux premières années et particulièrement la dernière, avec ce que la période Covid-19 a induit comme évolutions pour notre jeune start-up, mais aussi de lever avec vous le voile sur ce que nous préparons pour les prochains mois.
Après avoir abordé les grandes lignes de 2019, nous reviendrons sur 2020 en séparant la partie Covid de la partie activités "normales", avant de voir ensemble :
où nous allons,
comment,
pourquoi,
et quand.
2019 : UN LABEL ET DES RENCONTRES UNIQUES
Bénéficiant dès sa création du Label GENERATE, label innovation du GICAT obtenu en mai 2018 par Franck, fondateur de la société alors en auto-entreprise (une première à ce jour) et lauréat en 2016 du concours Mode Défense en catégorie "Tenue de Combat" avec des treillis et motifs innovants, PHOENIX EQUIPEMENT a consacré l'année 2019 à communiquer sur ses capacités dans le milieu Défense & Sécurité tout en mettant en place les premières actions et outils nécessaires à son développement, et en respectant nos valeurs fondatrices, issues du milieu militaire.
Des rencontres de qualité
Nous avons eu le privilège de pouvoir participer courant 2019 à de nombreux évènements exceptionnels, particulièrement grâce au Label GENERATE et aux personnes qui le portent dont nous saluons respectueusement et chaleureusement le travail titanesque réalisé au profit de nos start-up, avec un accompagnement et un suivi individualisé pour chaque structure.
Certains évènements nous ont permis de présenter nos projets, comme en mars 2019 le Prix Entreprendre du Rotary Compiègne suivi début avril du SOFINS où nous avions eu l'honneur d'être invités à exposer, y présentant aussi bien nos produits CROKYD et BELTAPTOR alors tout juste lancés, que nos projets de support poitrine modulaire MMPC, de poche médicale ergonomique compacte MEDICOR, ou encore de motif camouflé polyvalent CAPADE®, le tout mis en valeur notamment par un excellent gilet PLATECAT de notre partenaire TIGER TAILOR.
D'autres évènements nous permirent d'aborder les spécificités des start-up du secteur Défense & Sécurité, comme en juillet 2019 où nous avons eu le privilège d'être reçus par des membres de la Commission Défense de l'Assemblée Nationale à échanger autour des problématiques spécifiques aux start-up du secteur, succès comme difficultés, notamment dans le domaine des financements. Une opportunité unique où nous avions pu convier une autre start-up GENERATE, Elika Team, spécialisée dans l'ingénierie linguistique, à se joindre à nous. Un vaste sujet depuis largement suivi à haut niveau, et relayé dans la presse.

D'autres évènements encore furent l'occasion de parler plus généralement d'innovation dans le domaine de l'équipement individuel et du camouflage, comme ce fut le cas à l'Ecole de Guerre - Terre où un des membres de l'équipe fut invité à intervenir en conférence aux côtés d'autres acteurs de l'innovation non-numérique de défense (dont Elika Team). Une opportunité rare et tout à fait remarquable d'échanger à haut niveau sur ces thématiques parfois délaissées en comparaison de sujets plus électroniques.

En parallèle, 2019 fut aussi marquée par de premières présentations en unité à l’initiative de leurs personnels, notamment en mai au sein d’un PSIG et d’une BR de la Gendarmerie Nationale, où l’aspect sécurisation du petit matériel (clefs de menotte, lampe etc.) de CROKYD et l’ergonomie compacte de MEDICOR plurent beaucoup.
Développer l'activité
Entre le premier site internet vitrine en début d'année et la création d’un nouveau site internet fin 2019, nous avons vu l'intérêt grandir pour les projets portés et les produits proposés, confortant nos choix initiaux.
Ainsi, suite à de premiers échanges avec un grand groupe et une présentation pour approbation de nos projets à une grande institution française, nous avons pu définir les priorités quant au développement de plusieurs projets pas encore communiqués et sur lesquels le travail se poursuivra en 2021.
A côté, CROKYD connut en 2019 un baptême opérationnel sur deux théâtres extérieurs différents au service d'opérateurs du COS et des Troupes de Marine.
Mais également dans la population civile avec notamment des agences immobilières (assez logique vu la vocation première de CROKYD : sécuriser des clefs) et des particuliers pour leurs trousseaux et pass d'entreprise ou d'immeuble.

Grâce à nos premiers clients que nous remercions pour leur confiance, CROKYD et BELTAPTOR ont pratiqué en 2019 aussi bien le territoire national auprès de militaires de la Gendarmerie Nationale, que les opérations extérieures.

Pendant ce temps, le développement des camouflages s'est poursuivi, et notamment de la gamme CAPADE® particulièrement innovante (et une des raisons de la labellisation de la société) et que nous savons très attendue.

Respecter des valeurs socles
Parmi nos valeurs socles issues notamment d'une culture militaire et ñass (les vrais savent 😉), l'entraide est un élément fort, que nous espérons pouvoir pratiquer toujours à hauteur de nos capacités et par divers biais (grand rêve le jour où l'entreprise en aura la possibilité : aider à la reconversion de personnels blessés).
Ainsi, notre volonté initiale de participer chaque année à une action caritative ou solidaire Défense, se concrétisa dès 2019 également avec l’opportunité de contribuer au défi de Jeffcourtpourlentraide, parti courir l’Ultra Trail Grand to Grand au profit de l’Entraide Parachutiste, qui emportera d’ailleurs plusieurs CROKYD dans son aventure.

Au-delà d'une modeste participation au financement de son action, nous avons surtout relayés par tous canaux son action pour la faire connaître au plus grand nombre, et restons de coeur attachés à la cause portée. Une mobilisation que nous renouvellerons dès que possible.
Après cette belle année 2019, nous souhaitions aborder 2020 avec l'objectif de plusieurs lancements produits à l'issue d'Eurosatory (le salon mondial du secteur Défense & Sécurité) où nous devions exposer. Mais le Coronavirus est passé par là, et notre engagement dans ce cadre aura changé beaucoup de choses.
2020 : UNE ANNEE SUR TOUS LES FRONTS
2020 aura été très différente d'une 2ème année "normale" d'existence d'une start-up, tant les défis rencontrés en cette année passée ont pu mettre à mal les développements prévus, tout en amenant de nouvelles activités du fait du contexte, impliquant de nombreuses et nécessaires adaptations.
Pourtant, notre jeune structure en sort considérablement renforcée. Malgré aucun lancement produit et très peu de communication métier, l'année a été massive, particulièrement du fait de notre mobilisation dans le cadre du Coronavirus, et aura confirmé le bien-fondé de nos orientations initiales, synthétisées par notre devise trouvée tout début 2020 : écouter, créer, équiper. Des mots qui trouveront un écho particulier les mois suivants.
De la Fabrique Défense au Covid
Après une participation notable à la Fabrique Défense début janvier 2020 où nous avons pu échanger avec de nombreux passionnés de tous horizons (dont un militaire suédois, abonné francophone de nos contenus et que nous saluons ainsi que Mlle L. M. et son exceptionnelle action dans l'intérêt des problématiques équipement), nos efforts étaient axés sur le lancement de MEDICOR, très attendu, et la participation à Eurosatory 2020 qui devait se tenir en juin et aurait du voir le lancement de plusieurs produits.

Mais une fois les défis rencontrés par les soignants identifiés entre le 11 et le 17 mars, il a semblé évident de tenter de contribuer à notre niveau, comme tant d’autres, et de mettre à profit nos savoir-faire pour aider. Une contribution décidée au pied levé, empruntant tous les axes où nous pensions pouvoir servir.
Le tout en continuant nos activités notamment aux côtés d’autres entreprises. Et en emménageant dans nos premiers vrais locaux, en plein confinement.
Ce qui allait nous amener à travailler jusqu’à 120 heures par semaines, plusieurs semaines durant, et plus de 60 heures par semaine pendant plus de 5 mois pour mener de concert mobilisation bénévole et activités normales. Un volume de travail inouï, et totalement bénévole pour la partie Covid, exception faite de l’inattendu marché visières remporté suite à l’appel à projets officiel.

Une quadruple mobilisation Covid
Face à l'urgence, nous avons traité chaque action à mener comme une mission, sur lesquelles nous allons revenir ensemble :
synthétiser les données sur la résistance des pièces imprimées en 3D aux stérilisations ;
multiplier les capacités des makers à produire de meilleures visières ;
répondre en délai contraint à une problématique ergonomique complexe ;
participer directement aux livraisons solidaires.
1 - Synthétiser les données sur la résistance des pièce imprimées en 3D aux stérilisations
A partir du 17 mars, l’absence de données facilement exploitables sur la résistance des pièces imprimées en 3D aux méthodes de stérilisation les plus courantes, nous décide à réaliser un tableau synthétique sur le sujet. C'est alors que, confinés séparément et très éloignés, nous ajoutons la mobilisation solidaire à nos activités normales, en commençant par la lecture de plusieurs dizaines d’études internationales complétée de nos propres expérimentations et d’échanges avec makers et scientifiques de plusieurs pays, pour mettre en forme ce tableau.
Le 31 mars, le Tableau de résistance des pièces imprimées 3D aux stérilisations est en ligne sur notre blog puis téléchargeable en français et en anglais. Nous créons à l'occasion une rubrique complète Covid-19 sur notre site, appelée à perdurer. Très rapidement, il se retrouve partagé dans la plupart des groupes d’entraide Covid-19 français et internationaux, et mis en avant par l'OSMS (Open Source Medical Supplies), le central des échanges libres sur les ressources médicales, comme document de référence.
De nombreux fournisseurs de consommables pour l’impression 3D, notamment nord-américains, nous informent l’inclure à leurs envois de filaments, et sans compter les enregistrements image, il sera téléchargé, juste sur notre site et réseaux sociaux, plus de 12 000 fois par des personnes de 63 pays, dont près de 10 000 sur ses 15 premiers jours en ligne (31 mars - 15 avril). Plus important, il contribuera aux côtés d’autres initiatives au lancement de plusieurs études scientifiques sur le sujet, comme nous l’apprendrons notamment lors d’échanges dans le cadre de l’OSMS.
2 - Multiplier les capacités des makers à produire de meilleures visières
Entre le 22 et le 24 mars, nous constatons que les visières alors proposées à l’impression 3D sont inadaptées : trop longues à imprimer (d’1h30 à plus de 4h, avec buses 0,4 mm), trop coûteuses en matière (jusqu’à 40 grammes), et de géométries pas du tout optimisées pour le procédé FDM (dépôt de filament). Sans parler des retours utilisateurs (RETEXs) faisant état de problèmes d’ergonomie, de complexité d’assemblage, et de difficultés d’entretien notamment.

Bien que la thématique soit entièrement nouvelle pour nous, nous souhaitons alors développer des visières susceptibles à la fois de multiplier la capacité de production des makers, et d’être stockées en masse au besoin.
Très rapidement, plusieurs solutions sont explorées, à fixation de l'écran sans outils, et utilisant 2 moyens de fixation faciles à trouver : des élastiques ronds type shock-cord certes inconfortables mais très peu chers et faciles à trouver, et des élastiques plats textiles bien plus confortables, à acheter ou récupérer sur lampes frontales par exemple.

Mais c'est encore trop lourd (25 - 30 grammes), et 2 designs sur 3 ne peuvent être réalisés que par frittage, tandis que le troisième, FDM compatible, n'est pas stackable (empilable), limitant la capacité à produire en séries rapides.

L’objectif à atteindre se dessine :
créer un ou des modèles ultra-légers (moins de 20 grammes),
compatibles lunettes, sur-lunettes et masques FFP2 même encombrants,
confortables et efficaces, à flux latéraux limités contrairement à d'autres modèles,
pouvant être produits rapidement avec peu ou pas d'opérations de post-traitement,
et par tous moyens : impression 3D FDM, frittage laser, découpe laser, plotter ou manuelle, injection de moule etc.
La R&D sérieuse commence alors.

Découvrant le 24 mars l’Appel à Projets officiel piloté par l’AID (Agence Innovation Défense), nous décidons que nous y proposerons nos visières, en catégorie Protections individuelles ou collectives, soignants et populations, sous le nom PROFASTER (protection faciale stérilisable), destinée à tous plateaux d’impression, et PROFAPLA (protection faciale plate), destinée au stockage de masse mais limitée aux grands plateaux d’impression.
Dès le 05 avril, PROFASTER est imprimable en moins de 30 minutes avec moins de 15 grammes de matière, un record par rapport aux modèles les plus téléchargés à ce moment-là (45’ et plus), tandis que PROFAPLA sort en 25 minutes avec 10 grammes seulement, tout en permettant un stockage ultra-massif (30 000 visières par mètre cube, écrans et élastiques compris), et le 11 avril, veille de clôture de l’Appel à Projets officiel, le dossier PROFASTER - PROFAPLA est déposé, et sujet à mises à jour ultérieures.

PROFASTER est présenté notamment dans une version ALPHA, à double écran facial et frontal totalement amovible et ajustable, des caractéristiques alors inédites. Nous réussirons dans les jours et semaines suivants à faire tomber les temps d’impression des deux modèles d’abord à 14 minutes, puis à 10 minutes, pour 5,5 grammes de matière utilisée. Des temps exceptionnellement courts, et sans aucun post-traitement nécessaire. Les fichiers complets (avec notices, vidéos d'aide au montage, guide de découpe écrans etc.) seront dès lors mis en ligne non seulement sur notre site mais aussi sur Thingiverse et sur Cults3D. Et, très rapidement, le modèle est l'un des rare approuvé puis référencé par l'OSMS et par DIY Med.
Quatre autres versions de PROFASTER ont été développées, notamment pour les besoins internationaux (dimensions de transparents disponibles), chacune disposant d'un moyen différent de fixation de l'écran. Jamais mises en ligne faute de temps pour réaliser notices et vidéos spécifiques, trois d'entre elles ont été partagées avec plusieurs makers et plateformes, et leurs solutions depuis réutilisées par plusieurs designs. Nous les mettrons bientôt en ligne sur notre site et sur Thingiverse et Cults3D aux côtés de nos autres fichiers partagés.

La quatrième version fut l'occasion d'une innovation faisant l'objet d'un brevet déposé, accompagné par HDFID, quant au mode de fixation de l'écran, solution applicable à d'autres domaines que nous tâcherons de valoriser prochainement. Les applications potentielles sont particulièrement nombreuses.

Plus tard, le 04 juin, nous apprenons dans la plus totale surprise que nos visières sont sélectionnées par l’Appel à Projets officiel. L’un des 37 dossiers retenus sur près de 2580 proposés, et seul projet visières validé sur près de 1000 propositions, après examen par un jury d’utilisateurs, d’experts matières, procédés, innovation etc., il conduit à un marché pour fabrication à la demande de l’Armée de Terre et du SSA (Service de Santé des Armées), avec fabrication par plusieurs procédés, dont deux sont retenus : procédé MJF, et injection de moule.
Deux entreprises françaises, références dans leurs domaines respectifs (SCULPTEO, leader mondial de la fabrication digitale, et ARINDIS, spécialiste historique des plastiques depuis plus de 60 ans) nous suivent alors sur ce qui est notre tout premier projet industriel : un défi considérable où nous apprendrons beaucoup et dont les livraisons se terminent tout juste.


De fait, nous saluons respectueusement ces personnes et institutions qui ont pris le parti d’accorder leur confiance à une jeune start-up dans un tel contexte et sur de tels enjeux, et tous les destinataires de cette première production industrielle de nos visières ... dont certains ont du patienter plus longtemps que prévu pour recevoir leurs exemplaires.
Cependant, malgré nos efforts (envoi des fichiers / liens de téléchargement à makers, fablabs, influenceurs tech, associations, …), PROFASTER et PROFAPLA ne se diffuseront pas aussi bien que nous l’espérions, et nous constaterons longtemps la persistance de modèles bien plus longs à imprimer et bien plus coûteux pour les particuliers bénévoles.
Mais notre petite équipe ne pouvait être sur tous les fronts : conception, communication, activités normales de l’entreprise. De plus, aucun appel aux dons n’ayant été réalisé, peu de publicité grand public fut réalisée sur ces projets.
Ainsi, la mission de contribuer à l’augmentation des capacités de production des makers n’est que partiellement remplie, mais la validation par l’Appel à Projets officiel et le référencement de PROFASTER et PROFAPLA comme EPI de référence sur plusieurs plateformes de partage de fichiers en ligne témoignent de la part du colibri.
3 - Répondre en délai contraint à une problématique complexe
Le 06 avril une demande nous parvient d’un service de l’EMAT (Etat-Major de l’Armée de Terre) pour un système d’ouverture des portes sans contact. Les tests de différents modèles existants étant insatisfaisants, il nous faut en développer un pour … le lendemain 07 avril 18h.

Voulu capable d’interagir avec la plupart des portes, fenêtres et ouvrants de tous types, et facile à imprimer, le modèle est livré dans les temps (54 minutes d'avance même 😅), au nom de CROVHYD (Crochet Valorisé d’Hygiène de Dotation). Proposé aux utilisateurs par la toute nouvelle Ferme 3D de l’Armée de Terre il en sera l’objet le plus demandé, avec près de 6000 impressions au total.
En passant, pour mieux comprendre le rôle de la Ferme 3D Terre et de l'impression 3D au sein des Armées, nous vous recommandons l'excellent article de fond du blog Mars Attaque ici :
Les semaines suivantes, le modèle est complété d’un étui à double rétention active et passive sur le principe des étuis pour pistolets, et amélioré suite à RETEX d’une capacité à interagir avec les digicodes à molette rotative présents dans les hôpitaux. 13 exemplaires de cette version, imprimés en PLActive, un matériau bactéricide et virucide approuvé contre le Coronavirus, seront livrés le 05 mai dans le cadre d’une livraison solidaire de visières à la centrale logistique de l’APHP.